Hiroshi Sakurai – février 2023
L'université de Columbia se trouve à New York. Un nouveau campus a été construit à proximité de Harlem, considéré à l’époque du président Clinton comme un des quartiers les plus dangereux de New York, et cette installation aurait contribué à améliorer la sécurité dans le quartier. Et coïncidence, l’université se trouve également non loin du Yankee Stadium.
L’université m’a demandé de venir faire une conférence au sujet de Dassai dans le cadre de son école de commerce (en février 2023, NdT). En fait, la brasserie de Hyde Park aurait dû être terminé à cette date et il était prévu que je sois sur place à New York. J’ai donc accepté la proposition de l’université, mais comme vous le savez, la construction de la brasserie a pris du retard. Mais je ne pouvais plus changer d’avis maintenant. Je me suis donc rendu à New York pour une semaine.
Il a fait extrêmement froid. Pendant la journée, à Manhattan la température descendait à -11°C. À Hyde Park, où se trouve la brasserie, il faisait même -18°C. Je ne sentais plus vraiment mon visage ou mes oreilles, ce n’est qu’en rentrant dans un bâtiment chauffé que le sang recommençait enfin à circuler et que je ressentais la douleur. Mais j’ai survécu avec deux couches supplémentaires de vêtements Heattech Ultra Chaud. Vive Uniqlo ! Je ne voudrais pas imiter un certain professeur de management, mais « les messieurs japonais d’un certain âge ne peuvent pas survivre l'hiver sans Heattech », et c’est encore plus vrai à New York.
L’université de Columbia, où il faisait très froid d’ailleurs, m’a prévenu qu’elle avait dépassé les 70 personnes inscrites dès l’annonce de l’événement et qu’elle prévoyait une deuxième salle où la conférence serait retransmise en vidéo.
Un mois avant environ, on m’a demandé quels seraient les principaux thèmes de mon intervention. J’avais d’abord pensé expliquer comment s’est développé une brasserie de saké située en plein cœur de la région montagneuse de Yamaguchi, qui était du côté des perdants, et les difficultés que j'ai rencontrées lors de la reprise de l'entreprise.
Mais j’ai réalisé que ce n’était pas le plus intéressant de parler de ces sujets avec un public américain qui ne connait pas vraiment le saké, bien que l'histoire soit intéressante. C’est une formidable opportunité qui m’était donnée. J’étais à New-York pour ça, j’avais quand même pris un billet d’avion dont le prix avait augmenté avec la crise du COVID-19 et n’était sans doute plus aussi bon marché qu’avant. Si je ne peux pas donner ma vision du saké en tant que représentant d’une brasserie de saké, où est l’intérêt ?
Je ne dis pas qu’il ne faut pas faire la promotion de sa marque, mais je me suis souvent retrouvé face à un public étranger qui ne voulaient plus entendre encore une fois des explications sans fin sur le riz et la fabrication du saké. C’est pour ça qu’il m’a semblé important que je mette d’avantage l’accent sur ce qu’est le saké, du point de vue d’une brasserie.
Aussi j’ai expliqué que le saké est étroitement lié à l’histoire de la population japonaise, histoire grandement influencée par les caractéristiques géographiques du pays. Je me suis focalisé sur les premières années de l'ère Meiji, avant l’explosion démographique accompagnant la révolution industrielle. La population japonaise était alors de 34 millions. Ce qui a permis de nourrir cette population, ce n'est pas une culture du riz extensive, mais une culture du riz intensive, avec un rendement élevé par hectare, grâce à une main d’œuvre disponible et aux améliorations dans les techniques de culture.
Cela a profondément marqué la société et la manière de penser des Japonais. Par conséquent, cela a également eu une très grande influence sur la façon de fabriquer le saké. Il en va de même pour le vin, qui est fortement influencé par l'histoire de la terre et de des populations en Europe.
Dassai a fait avancer ces idées et a fait de la technique, ainsi que du temps et de l’effort (le concept de « tema » en japonais), les aspects les plus importants dans la fabrication du saké. J'en ai parlé en guise d'introduction à l'université de Columbia
Et j’explique ça de manière un peu cool, mais... Je suis arrivé à l'université de Columbia une heure avant le début de la conférence. Bien entendu, tout le monde autour de moi parlait anglais, et les Japonais étaient peu nombreux. J’avais un micro au revers de ma veste. Et pendant que je patientais dans une autre salle, je me sentais un peu inquiet à l’idée d’avoir accepté une telle responsabilité.
Enfin la conférence, qui me faisait si peur a débuté, et a finalement été menée à bien avec l'aide d'une excellente interprète, que j’avais connu lors de ma précédente intervention au bureau new-yorkais de l'université de Tokyo. Comme d'habitude, une réception a suivi, avec du saké Dassai. Les participants présents ont apprécié, semble-t-il.
Le texte de la conférence fait environ cinq pages au format A4 et est donc reproduit dans la suite de cette lettre « Conférence à l'université de Columbia (2) ». Je serais heureux que vous puissiez en prendre connaissance quand vous aurez le temps.