Hiroshi Sakurai – avril 2023 

 

☆Il fait froid à New York pour un homme âgé (comme moi)

On pourrait penser que c’est normal puisque New York se situe à peu près à la même latitude qu'Aomori au Japon. Mais j'ai l'impression qu’à Manhattan, il fait encore plus froid qu’à Aomori. Hyde Park, où se trouve la brasserie, est situé à environ 150 km au nord de Manhattan, il doit donc y faire encore plus froid. D’ailleurs, lors d'une vague de froid en février, il faisait -18°C à Hyde Park et -11°C à Manhattan. Pourtant, l'impression est inverse.

Il est vrai qu'il y avait encore de la neige sur le parking du supermarché devant la brasserie au début du mois d'avril, donc la température devait être plus basse. Mais les jours ensoleillés, par exemple, il fait plus chaud quand on est au soleil. Or, à Manhattan, les immeubles sont si hauts qu'il n'y a pas beaucoup de soleil. De plus, le vent des immeubles souffle dans les rues. On a l'impression qu'il fait environ 5°C alors que les prévisions météorologiques annoncent 10°C. L'autre jour, lorsque je suis sorti de mon domicile à Poughkeepsie, j'ai pensé que ma doudoune était en trop. Mais lorsque je suis arrivé à la gare de Grand Central, il faisait extrêmement froid et tous les New-Yorkais portaient une doudoune. Les baby-boomers de ma génération devraient porter des vêtements plus chauds lorsqu'ils se rendent à New York.

 

☆Bon pour moi et ma génération

Ici c'est New York, après tout.  Je voulais manger un bon steak. Alors je suis allé chez Peter Luger à Brooklyn. Le T-bone steak y est délicieux et les pommes de terre frites qui l’accompagnent excellentes. Mon petit-fils était avec moi ce jour-là. Au serveur d’un certain âge, il a demandé pour son steak une cuisson « medium well done ». Avec humour, le serveur nous a expliqué qu’il ne conseillait pas cela, que la cuisson à point était la meilleure, que nous devions lui faire confiance. Ce n’était ni intrusif ni sarcastique comme remarque.

En regardant autour de nous, nous avons constaté que tous les serveurs avaient entre 60 et 70 ans. Ces vieux messieurs travaillent avec beaucoup d'enthousiasme. L'atmosphère est très agréable. Après tout, c'est un restaurant qui existe depuis longtemps.

 

☆Mon bonheur

Il m'arrive de dîner avec l’équipe expatriée aux États-Unis. À ce propos, Dassai Blue n'est pas encore prêt. Donc si je veux boire du Dassai, je dois me contenter des quelques bouteilles apportées dans leur valise par des personnes de l’équipe qui voyagent depuis le Japon. Je ne peux donc boire que de la bière ou du vin. Je pense que j'ai bu assez de bière pour quelques années au cours des deux dernières semaines.

Mais le sujet ici n’est pas la bière. Au début de ces dîners, nous parlons des affaires et échangeons des informations. C'est très efficace. La communication autour d'un verre, que l'on appelle « Nomi-nication », est la meilleure façon d'aborder des points essentiels qu'il serait difficile de détecter dans un cadre professionnel quotidien.

Cependant, une fois ces sujets épuisés, on en revient à mes vieilles histoires. Quel vieil homme je suis ! C'est vrai, n'est-ce pas ? Mais le membre du personnel le plus âgé a 40 ans, et les autres ont une vingtaine ou une trentaine d’années, donc ils ne connaissent pas les vieilles histoires. L'histoire d'avant la naissance de Dassai, quand Dassai est né et que le toji (maître brasseur) s'est enfui et que les employés ont commencé à fabriquer eux-mêmes le saké. Chacun m'écoute à sa manière parce que c'est une histoire d'une époque qu'il ne connaissait pas avant d'entrer dans notre brasserie. Il se peut qu'ils soient obligés d'écouter l'histoire en raison de ma « position de parrain ». Mais le vieil homme qui parle est heureux. Hmmm, comme c'est agréable...